Si le langage est communément admis comme faculté humaine, les chercheurs attribuent des formes de « langages » ou de communications aux animaux et aux plantes. Nous savons aujourd’hui que même les plantes se passent des messages grâce à des systèmes de transmissions chimiques ou électromagnétiques. Les recherches, nombreuses à ce sujet, continuent à essayer de comprendre comment la nature s’exprime. Mais qui sont ces arbres qui parlent en silence ?

La rédaction de Cheminez vous propose aujourd’hui de voir la nature à travers les yeux de l’immense botaniste français Francis Hallé. Le chercheur a consacré toute sa vie à l’étude des forêts primaires qu’il a parcouru de l’Afrique à l’Amérique du Sud.

Cet adepte du dessin, dont il fait souvent l’éloge face à la photographie, a accumulé une montagne de croquis de ses compagnons de vie. Le dessin qui prend un certain temps à être réalisé permet à celui qui tient le crayon d’observer chaque détail de l’arbre qui se trouve en face, c’est une invitation à se rencontrer. L’arbre se révèle un peu plus après chaque coup de crayon.

Francis Hallé invite les enfants à s’intéresser aux arbres dès leur plus jeune âge grâce au dessin, mais attention pas n’importe quel dessin ! Il ne s’agit pas d’avoir des représentations « iconiques » des arbres mais plutôt d’observer ceux qui les entourent. Dans ce sens, il a publié des croquis à colorier et à reproduire, sous le titre Coloriages en forêt avec Francis Hallé. Le botaniste a aussi participé au film Il était une forêt où il utilise ses qualités de conteur pour nous emmener au cœur de la forêt qu’il observe souvent depuis la cime des arbres.

A 86 ans, il continue d’œuvrer pour la préservation des arbres et des forêts en transmettant son savoir, son émerveillement, son amour et sa passion pour ce qui est le berceau de l’humanité. Parmi ses nombreux travaux sur les arbres et plus précisément les forêts tropicales, il y a ce petit bijou qui fera le bonheur des petits et des grands, Atlas de botanique poétique. Publié en octobre 2016 aux éditions Arthaud, le livre se présente comme un véritable atlas d’arbres tout à fait particuliers.

En plus d’être un très bel objet, l’auteur nous y décrit quelques arbres exceptionnels qui semblent tout droit sortis d’un monde féérique. On apprend qu’il existe des arbres qui marchent, d’autres qui dansent, sans oublier certains qui vivent… sous terre. Francis Hallé nous explique dans sa préface que son « choix s’est porté sur des plantes au caractère étrange, à l’esthétique bizarre, à la cocasserie inattendue et à la poésie qui les entoure comme un nuage d’abeilles entoure la ruche, ou les embruns le pont d’un navire ».

Le choix prend donc en considération la poésie des arbres et la description qu’il nous en fait revêt également un aspect poétique. On ressent le caractère tout à fait fabuleux de ces arbres grandioses ainsi que la passion qui anime le botaniste. Naturellement les textes sont accompagnés de superbes dessins peints de Francis Hallé qui magnifient ces créatures.

Mais en plus d’un émerveillement ressenti à chaque page, Francis Hallé nous donne le tournis en nous assenant une vérité qui semble contre-intuitive au premier abord et qui est connue uniquement de quelques initiés : « Au XXIème siècle, nous n’avons toujours pas une définition de l’arbre qui fasse consensus. » Le botaniste explique que la définition de l’arbre donnée dans les écoles de foresterie européennes « ne concerne que l’arbre d’Europe, comme si le seul vrai arbre était le « nôtre », avec un tronc unique, du bois, des branches, une couronne foliaire dense et une hauteur totale de sept mètres » et qu’elle ignore toute la diversité des arbres tropicaux.

De cette vérité, nous avons peut-être une leçon à tirer. De la même façon que notre vision eurocentrée de la nature nous a longtemps fourvoyés au point de nous rendre incapable de produire une définition de l’arbre qui n’exclut pas une grande partie de la gent arboricole, peut-être devrions-nous « désoccidentaliser » nos regards sur tous les autres champs (scientifiques, linguistiques, culturels, historiques, géographiques). Pour ne pas nous contenter de « l’arbre qui cache la forêt« .

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