Article rédigé par : Lamia DIAB EL HARAKE et Gaëtan DESROIS

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Dans une lettre datant du 31 mai 2022, le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies fait part de ses profondes inquiétudes concernant la décision du Conseil Constitutionnel du 21 mai de censurer certaines dispositions de la loi Molac sur les langues régionales. « Nous craignons que l’adoption et l’application de cette décision puissent entraîner des atteintes importantes aux droits humains des minorités linguistiques en France. »

Les propos sont forts, et pourtant cette missive n’a eu que peu d’écho dans la presse nationale et sur les plateaux de télévision. Si l’actualité chargée de l’époque (la Guerre en Ukraine, les prévisions du ministre de l’Économie Bruno Le Maire sur l’inflation en 2023, Rolland Garos) ont peut-être participé à atténuer l’écho qu’aurait dû avoir la lettre de l’ONU, son importance mérite pourtant d’y consacrer un peu de notre attention. Car cette lettre soulève en creux un sujet crucial, mais souvent ignoré : les discriminations linguistiques. 

Les discriminations linguistiques, kézako ?

Comme leur nom l’indique, les discriminations linguistiques sont des discriminations basées sur le langage ; elles consistent à rejeter ou à traiter différemment certains individus ou groupes de personnes en raison de leur langue ou leur manière de parler une langue. Elle repose sur une hiérarchie arbitraire des langues, selon laquelle la langue majoritaire a plus de valeur que les langues minoritaires. Pour parler des discriminations linguistiques, le sociolinguiste français Philippe Blanchet, professeur à l’Université Rennes-2, a créé un néologisme : la « glottophobie »

Les discriminations linguistiques ne sont pas un phénomène nouveau et uniquement francophone. Les grecs de l’Antiquité appelaient « barbares » toutes les personnes qui ne parlaient pas le grec. Le mot « barbare » vient de « barbaros », une onomatopée qui évoque des bruits incompréhensibles, des borborygmes. La Russie, au XIXème siècle, a mené une politique de russification, interdisant l’usage du biélorusse, du polonais, de l’ukrainien et du lituanien dans les lieux publics. Ces discriminations linguistiques ont existé partout, à toutes les époques, sur tous les continents. 

À l’instar des autres types de discriminations, on pourrait être tenté d’incriminer les individus qui s’en rendent coupables. Depuis le 18 novembre 2016, le Code Pénal et le Code du Travail sanctionnent en effet les discriminations basées sur l’accent, et promettent des peines pouvant aller jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Pourtant, les discriminations linguistiques sont systémiques, dans le sens où elles résultent de notre rapport collectif à la langue majoritaire. 

Le pouvoir de la langue vs La langue du pouvoir 

Pourquoi discrimine-t-on les langues ? Dans le chapitre II, « Langue et Pouvoir », de son livre Pour une géographie du pouvoir, Claude Raffestin rappelle : « la langue est un enjeu et par conséquent elle est au centre de relations qui sont ipso facto marquées par le pouvoir. […] La langue assure la médiation, en tant que système sémique, entre les modes de production et la consommation. Le groupe dominant qui impose son mode de production impose aussi son langage. » 

La langue est au cœur d’enjeux immensément politiques. Pour consolider son pouvoir, un État peut opprimer des langues. Par exemple, lors de l’Occupation de la Corée par le Japon, les Japonais ont interdit l’enseignement de la langue et de l’Histoire coréennes à l’école à partir de 1937, afin de pousser les jeunes coréens à apprendre et parler le Japonais, et ainsi accélérer la politique d’assimilation du peuple coréen. Dans son ouvrage La Question Basque, Jean-Marie Izquierdo rappelle que « la répression franquiste fut d’abord culturelle » avant d’être politique. Il écrit : « Tous les symboles rappelant de près ou de loin l’identité basque furent interdits. […] Il fut banni des lieux publics, des textes officiels et de toutes les publications… Le pouvoir décréta des autodafés d’ouvrages en basque devant les bibliothèques. On alla même jusqu’à exiger d’effacer les noms basques sur les tombes, dans le but de les « castellaniser ». Seul le folklore fut toléré parce que le pouvoir le considérait comme une des composantes de la diversité espagnole… ».

La Corée, sous occupation Japonaise

Si le Japon expansionniste des années 30 et le régime franquiste ont pour point commun d’être des états autoritaires, les discriminations linguistiques n’épargnent pas les régimes démocratiques. La France a un rapport aux langues extrêmement complexe. Il suffit, pour s’en convaincre, de s’intéresser au vocabulaire que nous utilisons pour les évoquer. Qui n’a pas déjà utilisé le terme « patois » pour parler de l’alsacien, du corse, du basque, de l’occitan ou du breton, sans se douter de son étymologie foncièrement péjorative ? En effet, patois vient de l’ancien français patoier, qui signifie « parler avec ses mains, gesticuler pour se faire comprendre ». Du patois au barbaros grec, la frontière est ténue…

 Quant au mot « dialecte », il est souvent utilisé à tort et à travers. En effet, un dialecte est un dérivé d’une langue dominante. Ainsi, le français a d’abord été un dialecte de la langue d’oïl, au même titre que le normand, le picard et le wallon. Il est donc faux de considérer nos langues et dialectes régionaux comme dérivés du français : les langues alsaciennes sont des langues germaniques ; le corse est proche de l’italien, et plus particulièrement du toscan ; l’occitan n’est pas un dérivé du français : songez que durant le Moyen-Âge classique, c’était une langue administrative et juridique, concurrente du latin ; le breton est une langue celtique de type brittonique, se rapprochant du gallois (Pays de Galles) et du cornique (Cornouailles) ; quant au basque, les linguistes peinent à trouver une langue qui lui serait apparentée. 

Troubadours du Moyen-Âge

Notre argot porte également les marques de discriminations linguistiques. Ainsi, le mot plouc, employé pour parler d’une personne aux manières grossières, signifie à l’origine « paysan » en breton. L’étymologie de son synonyme « péquenaud » fait débat chez les linguistes : le mot pourrait être un dérivé d’un mot argotique militaire, péquin, qui viendrait lui-même de l’occitan pequin, qui signifierait « petit, menu », ou alors du mot argotique pécore, qui lui-même viendrait de l’italien pecora, « brebis ». 

Le verbe « baragouiner », utilisé pour parler d’un langage incorrect, incompréhensible, vient du breton « bara », le pain, et « gwin », le vin. Deux explications tentent de trouver une origine à cette expression : selon la première, les paysans bretons tremperaient leur pain dans du vin, ce qui aurait pour conséquence des conversations incompréhensibles en fin de repas ; la seconde nous est rapportée par Gersende de Villeneuve dans son Petit Dictionnaire insolite du breton et des Bretons : selon la légende, durant la guerre de 1870, la principale revendication des Bretons était du pain et du vin. Des demandes que n’auraient pas comprises leurs officiers français, à cause de leur langue et de leur accent. 

La guerre de la France contre les langues régionales 

Notre rapport aux langues a une histoire, et cette histoire est avant tout républicaine. Si dans un premier temps, l’Assemblée Constituante décide par décret le 14 janvier 1790 « que l’exécutif fera traduire dans tous les idiomes de la France les décrets de l’Assemblée Nationale » (archives parlementaires), le 16 prairial an II (4 juin 1794), l’Abbé Grégoire a présenté devant l’Assemblée Nationale son Rapport sur la nécessité d’anéantir les patois et d’universaliser l’usage de la langue française. Que s’est-il passé entre ces deux dates ? 

Alors que les monarchies européennes menacent la Révolution, la Première République cherche à renforcer son armée. Pour ce faire, elle invente la conscription. Mais lorsque la Vendée et la Bretagne reçoivent l’ordre de lever une armée de 300 000 hommes, la contestation gronde. Paris entre en guerre contre l’une de ses régions dans ce que l’on appelle encore aujourd’hui la Guerre de Vendée. 

L’Abbé Grégoire

Pour l’Abbé Grégoire, également connu pour ses positions en faveur de l’abolition totale des privilèges et de l’esclavage ainsi que pour le vote au suffrage universel masculin, le français est « la langue de la liberté » et son « usage unique et invariable » est nécessaire à « une République une et indivisible ». L’avis de l’Abbé Grégoire est partagé par nombre de ses pairs jacobins, dont son collègue Barère de Vieuzac qui déclare devant la Convention le 27 janvier 1794 : « La monarchie avait des raisons de ressembler à la tour de Babel ; dans la démocratie, laisser les citoyens ignorants de la langue nationale, incapables de contrôler le pouvoir, c’est trahir la patrie… Chez un peuple libre, la langue doit être une et la même pour tous. »

Le même Barère de Vieuzac a rédigé un autre rapport, intitulé Rapport du Comité de salut public sur les idiomes, qu’il a présenté le 27 janvier 1794 (8 pluviôse an II). Il déclare : « Le fédéralisme et la superstition parlent bas-breton ; l’émigration et la haine de la République parlent allemand ; la contre-révolution parle l’italien, et le fanatisme parle le basque. Cassons ces instruments de dommage et d’erreur. » En faisant un parallèle entre le bas-breton et le basque d’un côté et l’allemand et l’italien de l’autre, Barère de Vieuzac dresse les idiomes régionaux en ennemis de la République et de la Révolution Françaises. (À noter que la mention de l’allemand et de l’italien sont des allusions aux cas Alsacien et Corse.)

La Mort du Général Moulin, 8 février 1794 de Jules Benoît-Levy

Si la chute de Maximilien de Robespierre le 28 juillet 1794 remettra en cause certaines dispositions et lois jacobines, le décret du 17 novembre 1794 rendra obligatoire l’enseignement en français, et statuera les idiomes de France comme « moyens auxiliaires ». Cependant, le manque de professeurs rendra l’exécution de ce choix politique impossible, et il faudra attendre l’avènement de la Troisième République (1870-1940) et l’instauration de l’école obligatoire pour que soit de nouveau menée une politique de nivellement linguistique en faveur de la langue française et au détriment des langues régionales. 

Les lois Ferry des années 1880 ont particulièrement participé à réduire les langues régionales, en particulier le breton et l’occitan. L’objectif de la politique pédagogique d’alors était limpide : rendre honteux l’élève qui, par malheur, parlerait sa langue maternelle à la place du français. Dans son album Mil Hent (2018), le chanteur breton Denez Prigent rappelle : « Au siècle dernier, interdiction fut donnée aux enfants des écoles de Bretagne de parler leur langue maternelle. L’élève n’obéissant pas à cette règle était affublé d’une paire de sabots qu’on lui suspendait autour du cou. Il s’en acquittait par délation en désignant à son tour un de ses camarades qu’il surprenait à parler breton. Des générations entières furent ainsi traumatisées et cessèrent de transmettre la langue bretonne à leurs ascendants, parler breton étant dès lors devenu pour eux synonyme de honte. » 

DOSSIER : La France entretient depuis des siècles des relations extrêmement compliquées avec ses langues régionales. Un drame qui se perpétue encore aujourd'hui...

Gravure « L’Enfant et le Symbole » de Xavier Langlais

Francis Jauréguiberry témoigne d’une « pédagogie » similaire au Pays Basque dans La langue basque en France, du stigmate au désir : « Les méthodes coercitives se développent. La plus répandue et à la fois la plus choquante est sans doute celle dite du « symbole » (aussi nommée « châtiment du signe » ou « punition de l’anti »). Dès le matin, l’instituteur, surprenant un enfant en train de parler en basque, lui donnait un symbole (un bâton, une boule, un tissu). Ordre était donné à cet enfant de se débarrasser du symbole en le donnant à un autre enfant à son tour surpris à parler en basque. Le dernier enfant porteur du symbole en fin de journée était puni, souvent de façon humiliante. » 

Des pratiques qui valurent aux lois Ferry des accusations de linguicide par de nombreux défenseurs des langues régionales. Très documentées, ces pratiques « pédagogiques » ont duré toute la première moitié du XXème siècle. Le recueil d’actes de colloque L’école française et les langues régionales – XIXème-XXème siècles, dirigé par Hervé Lieutard et Marie-Jeanne Verny, est une lecture indispensable pour qui s’intéresse à ce sujet. 

Notons que ces pratiques ne concernaient pas uniquement les idiomes régionaux ; en effet, la Langue des Signes Française (L.S.F.), pratiquée par les sourds français et qui avait été fixée par l’Abbé de l’Épée dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle, a été chassée de l’enseignement pendant plus d’un siècle. Le Congrès de Milan, qui s’est tenu du 6 au 11 septembre 1880, a débouché sur l’interdiction de la Langue des Signes Française dans l’enseignement, au profit des « méthodes d’enseignement oral ». 

Le Congrès de Milan

Les conclusions auxquelles sont arrivés les participants du Congrès sont presque aussi absurdes que les conditions dans lesquelles ce dernier a été organisé : sur les 253 participants européens, seuls trois d’entre eux étaient sourds ; leur participation aux débats a par ailleurs été pour le moins compliquée puisqu’aucun interprète n’était prévu pour leur en traduire la teneur. Ainsi, les 250 personnes non-sourdes ont conclu « l’incontestable supériorité de l’articulation sur les signes pour rendre le sourd-muet à la société ». 

Pour légitimer la supériorité de l’oralisation sur l’enseignement en langue des signes, le Congrès de Milan a conclu que la parole étant un don de Dieu, la Langue des Signes Françaises ne pouvait être considérée comme une vraie langue, et que son interdiction revêtait des intérêts sanitaires puisque les signes empêcheraient les sourds de respirer et favoriseraient la tuberculose. Il faudra attendre la loi Fabius du 18 janvier 1991, qui autorise les familles à choisir une éducation bilingue LSF-français, pour que soient abandonnées les méthodes d’enseignement oral. Et ce n’est qu’à partir du 11 février 2005 que, par décret, la LSF a été reconnue comme « langue à part entière », et ce alors que les linguistes ont observé des particularismes régionaux au sein même de la Langue des Signes. (En effet, les mois de l’année ne se « signent » pas de la même manière, selon que l’on se situe en Normandie ou dans le Sud-Ouest de la France, puisque la LSF utilise l’environnement commun comme référentiel dans la communication.)

On ne dira jamais suffisamment combien les personnes sourdes ont souffert de l’interdiction de la LSF dans l’enseignement ; la nature même de leur handicap, et les difficultés éprouvées pour articuler des sons qu’eux-mêmes n’entendent pas, ont privé de nombreuses personnes de moyens de communication. Ces années noires sont encore une souffrance pour toute une communauté.

Les deux Affaires des Prénoms Bretons

Si aujourd’hui l’interdiction des langues régionales et des signes françaises, et les punitions utilisées pendant des dizaines d’années, choqueraient la très grande majorité de la population française, notre rapport aux langues minoritaires et régionales n’est pour autant pas totalement assaini. On en veut pour preuve que la campagne présidentielle de 2022 a mis en avant, par l’entremise d’un candidat en particulier, un débat qui existe en France depuis 1966 : celui des prénoms. Certains militants et responsables politiques ont annoncé vouloir autoriser uniquement les prénoms issus du calendrier chrétien, en appliquant la loi du 1er avril 1803 (11 germinal an XI) promulguée par Napoléon Bonaparte, à l’époque Premier Consul. 

La loi a été au centre de vifs débats parlementaires en 1966, lors de ce que l’on a appellé « l’Affaire des Prénoms Bretons ». Une affaire ubuesque, qui a eu un écho international. Au centre de cette affaire : deux militants bretons, le couple Jean-Jacques et Mireille Manrot, dit Le Goarnig, vivant dans la région Parisienne. Le couple décide de donner à ses douze enfants des prénoms bretons : Garlonn, Patrig, Katell, Yann, Morgann, Gwendal, Diwezha, Brann, Adraboran, Garlonn, Gwenn et Maiwenn. Pour les six premiers enfants, nés entre 1946 et 1955, les mairies acceptent, après réticences et avertissements, d’inscrire les prénoms sur les actes d’État Civil. 

Mireille (à gauche) et Jean-Jacques (à droite) Manrot-Le Goarnig

Mais la vie de la famille bascule en 1956 lorsque la mairie de Boulogne-Sur-Seine refuse d’inscrire sur le registre d’État Civil le prénom du septième enfant, Adraboran, sous prétexte qu’il ne s’agit pas d’un prénom français, mais étranger, selon l’article 1 de la loi du 11 germinal an XI. Face à cette interdiction, le couple refuse d’inscrire l’enfant avec un prénom qu’il n’aurait pas choisi. Les conséquences sont lourdes : la mère fait l’objet de poursuites judiciaires pour « non-déclaration d’enfant ». De retour en Bretagne, Jean-Jacques et Mireille Le Goarnig apprennent que la Caisse d’Allocations Familiales de Landernau a supprimé leurs prestations concernant leurs six derniers enfants, parce que leurs prénoms ne sont pas reconnus par l’État Civil français.  Quant aux enfants non-inscrits, impossibilité leur était donnée de suivre un cursus d’études, de voyager, de sortir du territoire français.

Mireille Le Goarnig est arrêtée en mars 1963, trois jours après la naissance du dernier enfant du couple, et incarcérée pendant 57 jours à la Prison de Quimper ; elle y fait une grève de la faim. Plusieurs pays de l’Union Européenne, dont la Belgique, l’Allemagne, la Suède et la Hollande, et extra-européens (le Canada), feront pression sur la France pour que le gouvernement abroge la loi sur les prénoms du 11 germinal an XI. Ainsi, lorsque le Président Charles De Gaulle déclare, le 27 juillet 1967, « Vive le Québec libre ! », les canadiens lui répondent en retour : « Occupez-vous de vos Bretons, nous nous occupons des Québécois ! »

« Vive le Québec Libre !« 

Le 12 avril 1966, le ministère de la Justice concède une Instruction générale relative à l’état civile qui, sans abroger la loi Napoléonienne, la rend néanmoins moins restrictive. Toutefois, la famille Manrot-Le Goarnig ne put bénéficier de cette disposition, qui n’était pas rétroactive ; mais la Cour de Justice de l’Union Européenne décide de leur octroyer une carte d’identité spéciale : « citoyens européens de nationalité bretonne »

Grâce au combat de la famille Manrot-Le Goarnig, les prénoms régionaux et étrangers ont pu être acceptés par l’État Civil français. Nouvelle victoire avec la loi du 8 janvier 1993, qui offre une plus grande liberté aux parents (Code Civil, article 52-2 : « Les prénoms de l’enfant sont choisis par ses pères et mères »). Les seuls prénoms à être interdits par la loi sont ceux qui sont « contraires à l’intérêt de l’enfant ou au droit des tiers à voir protéger leur patronyme ». Mais en dépit de cette loi, certains parents témoignent de difficultés à faire accepter le prénom de leur enfant lors de son enregistrement à l’État Civil, sans pour autant que ce prénom soit contraire à l’intérêt de l’enfant. 

Ainsi, une seconde affaire des Prénoms Bretons a éclaté en 2017 : l’affaire Fañch. Un couple de Quimper donne naissance en mai à un petit garçon, Fañch Bernard. Le 5 juillet 2017, les parents sont convoqués au tribunal de grande instance de Quimper. L’objet de la convocation : une « demande de rectificatif d’un acte d’état-civil, ou des jugements déclaratifs ou supplétifs d’acte de l’état-civil ». Le n tildé (ñ) ne faisant pas partie des signes diacritiques (signes accompagnant une lettre) et ligatures (fusion entre deux graphèmes, comme le Æ et le Œ) français selon une circulaire ministérielle datant du 23 janvier 2014, le tribunal demande que l’enfant soit nommé Fanch, et non Fañch.  

Fañch Bernard et ses parents

Compte tenu du fait que l’absence du tilde sur le « n » change la prononciation du prénom de leur enfant, les parents considèrent que cette demande judiciaire contrevient à plusieurs textes juridiques : le Code Civil (article 52-2 : « Les prénoms de l’enfant sont choisis par ses pères et mères. »), la Constitution (article 75-1 : « Les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France. ») et à l’arrêt du 24 octobre 1996 de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (« Le choix du prénom de l’enfant par ses parents revêt un caractère intime et affectif, et entre donc dans la sphère privée de ces derniers. »)

Le 13 septembre 2017, le verdict tombe. Selon le Tribunal de Quimper, admettre le n tildé reviendrait « à rompre la volonté de notre État de droit de maintenir l’unité du pays et l’égalité sans distinction d’origine ». Pour rendre ce jugement, la Justice s’est basée sur la loi Napoléonienne de 1803 qui avait causé tant de problèmes à la famille Manrot-Le Goarig, sur l’article 2 de la Constitution (« La langue de la République est le français. »), ainsi que sur la circulaire ministérielle précédemment citée qui reconnait comme français les signes diacritiques suivants : à – â – ä – é – è – ê – ë – ï – î – ô -ö – ù – û – ü – ÿ – ç. 

La cour d’appel de Rennes prend finalement le parti du couple, jugeant que « le tilde n’est pas inconnu de la langue française ». Mais le 22 novembre 2018, préjugeant des « éventuelles répercussions nationales de l’arrêt » de la cour, le parquet national dépose un pourvoi en cassation, rejeté le 17 octobre 2019 par la Première Chambre civile de la Cour de cassation à cause d’une « erreur de procédure », mettant fin aux déboires judiciaires de la famille, sans pour autant fermer le débat de fond. 

Fañch Bernard portant le Gwenn ha Du

L’affaire Fañch fait grand bruit. Le sociolinguiste Philippe Blanchet, spécialiste de la glottophobie, s’insurge et estime que « l’idée même d’écrire un prénom « en français » n’a guère de sens ». Il dénonce par ailleurs le paradoxe « d’autoriser depuis 1993 des prénoms de toutes sortes, y compris venus de langues dites « régionales » ou « étrangères » mais d’interdire qu’on les écrive à la façon de ces langues ».

Bernez Rouz, président du Conseil culturel de Bretagne, publie le 6 septembre 2017 une notice historique dans laquelle il fait la démonstration que le tilde n’est pas un signe castillan, mais latin, utilisé de longue date en français, notamment au Moyen-Âge : « Ce signe est utilisé depuis des siècles, en latin, en français, en gallo, en breton, en basque, et n’est pas une exclusivité castillane. Les scribes médiévaux utilisaient couramment un signe ayant la forme d’un trait horizontal, recourbé ou non à ses extrémités et qui était placé au-dessus d’un mot pour indiquer son abréviation. […] Il sera couramment employé pour marquer la nasalisation dans les documents officiels de la royauté au XVIème siècle. »

Le chanteur Alan Stivell, qui a joué un rôle immense dans le renouveau de la musique celtique et de la culture bretonne à partir des années 1970, a lui aussi réagi. En plus d’intégrer le tilde au titre de son album Human~Kelt (sorti en 2018), il questionne dans Bretagne Actuelle : « Tout le ressenti de la Bretagne contre Paris se résume à ce Tildé. Pourquoi Paris se prend pour Louis XIV, décide et commande au nom des bretons ? Comment voulez-vous qu’on réagisse, qu’il n’y ait pas un peu de révolte ? »

À noter qu’à l’époque de l’Affaire Fañch, l’Agence France-Presse a rappelé dans une note l’histoire de deux parents souhaitant donner à leur fils le prénom catalan Martí, mais du fait que le í ne fait pas partie des signes diacritiques français, ont essuyé revers sur revers dans leur combat juridique. Leur requête auprès de la Cour Européenne des Droits de l’Homme est rejetée à l’unanimité le 25 septembre 2008, qui a considéré la justification du gouvernement français de maintenir l’unité linguistique dans les relations avec les services publics comme « objective et raisonnable »… 

Les langues régionales se débattent à l’Assemblée Nationale

L’affaire Fañch a soulevé des débats jusque dans les rangs de la majorité présidentielle. 21 débutés bretons de La République En Marche ont écrit une lettre commune en septembre 2017 à Nicole Belloubet, à l’époque Garde des Sceaux, afin de lui demander de modifier la circulaire de 2014 sur les signes diacritiques français, et y inclure les signes utilisés dans les langues régionales. 

L’ampleur des débats autour de l’Affaire Fañch a redonné de la visibilité aux langues régionales françaises, dont plusieurs sont menacées. Sur nos 75 langues régionales (selon les estimations des linguistes), l’UNESCO recense 26 d’entre elles comme en danger d’extinction, avec trois niveaux de dangerosité : « vulnérable » (le basque, l’alsacien), « en danger » (le corse, le ligurien) et « sérieusement en danger » (le breton, le languedocien, le gascon). 

Cette médiatisation de la vulnérabilité des langues régionales françaises qu’a rendu possible l’Affaire Fañch a permis de porter le débat sur les bancs de l’Assemblée Nationale. Une première depuis les lois sur l’éducation Deixonne (1951) et Haby (1975). La première autorise l’enseignement facultatif de quatre langues régionales : le breton, le basque, l’occitan et le catalan, mais écarte d’abord le corse, sous prétexte qu’il s’agirait d’un dialecte italien, avant son inclusion par décret le 16 janvier 1974. De même, l’alsacien a été exclu des dispositions de la loi Deixonne. La loi Haby, quant à elle, autorise l’enseignement des langues régionales tout au long de la scolarité. 

Donc, si l’on exclut l’amendement de façade de 2008, qui ajoute un alinéa à l’article 75 de la Constitution signifiant qu’elles « appartiennent au patrimoine de la France », les langues régionales ont été absentes des débats pendant près de 45 ans. Jusqu’à ce que, conséquemment à l’Affaire Fañch, la Loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, aussi appelée Loi Molac, aient été débattue à l’Assemblée Nationale, et votée le 8 avril 2021. 

Le député Paul Molac

Tout d’abord, la loi Molac considère que les langues régionales, au même titre que le français, forment « le patrimoine linguistique de la France ». Elle favorise également l’enseignement des langues régionales, en obligeant « les communes de résidence qui ne disposent pas d’écoles bilingues «  à contribuer aux frais de scolarité des écoles privées sous contrat proposant un enseignement bilingue ». La loi Molac a modifié également le code de l’éducation afin de « généraliser l’enseignement des langues régionales comme matières facultatives dans le cadre de l’horaire normal d’enseignement ». Le texte de loi voté par le Parlement prévoyait également d’autoriser l’enseignement immersif (« enseignement effectué pendant une grande partie du temps scolaire dans une langue autre que le français »). 

Autre disposition importante de la Loi relative à la protection des langues régionales et à leur promotion : l’autorisation claire et définitive de la signalétique bilingue par les services publics. Enfin, l’Assemblée Nationale a autorisé tous les signes diacritiques des langues régionales dans les actes d’état civil. 

Cependant, il convient de dire que si la loi Molac a été votée par 247 députés, elle a rencontré également une vive opposition. 76 députés ont voté contre la loi. Parmi eux, 12 de la France Insoumise, 6 du MoDem et 57 de La République En Marche. Le Rassemblement National s’est abstenu. Représentant le gouvernement, le ministre de l’Éducation Nationale de l’époque, Jean-Michel Blanquer, avait également clamé son opposition. 

À propos de l’enseignement immersif, l’ancien ministre utilise le 8 avril 2021 devant les bancs de l’Assemblée un argumentaire qui ne souffre d’aucune équivoque. Invitant les députés à avoir une vision sur « dix ans, quarante ans, cinquante ans », il refuse d’avoir « le rôle historique de jeter une graine de quelque chose qui a eu des conséquences néfastes dans d’autres pays ». La nature de ces « graines » et de « ces conséquences néfastes » sont rapidement explicitées lorsque Jean-Michel Blanquer fait un parallèle entre l’enseignement immersif et le séparatisme. 

Jean-Michel Blanquer

Considérant dans une interview accordée à nos confrères du quotidien Ouest-France publiée le 21 mai 2021 que « La France encourage les langues régionales », l’ancien ministre confirme son opposition à l’enseignement immersif, lui préférant les enseignements bilingues qui n’excluent pas le français. Ce faisant, Jean-Michel Blanquer ignorait les résultats de l’enquête menée à travers le projet de recherche « Elibidum », dont l’objectif était d’évaluer « les processus d’acquisition des langues basque et française » dans deux écoles primaires, à Biarritz et à Hasparren, qui faisait l’expérience de l’enseignement immersif. Interrogé par Curieux !, le chercheur Jean Casenave du laboratoire Iker développe : « Les résultats ont démontré que, malgré l’entrée tardive du français dans le milieu scolaire, les compétences de ces élèves dans ces deux langues, lorsqu’ils arrivent en 6ème, s’équilibrent. Elle démontre un bilinguisme équilibré et une bonne maîtrise de ces deux langues. »

Le 22 avril 2021, une soixantaine de députés de La République En Marche saisissent le Conseil Constitutionnel, qui retoque la loi Molac en supprimant deux articles : l’autorisation de l’enseignement immersif en se basant sur l’article 2 de la Constitution, et la reconnaissance des signes diacritiques régionaux en s’appuyant sur la circulaire ministérielle 23 janvier 2014. C’est cette censure du Conseil Constitutionnel qui a conduit l’ONU à écrire une lettre le 31 mai 2022 dans laquelle elle fait part de ses craintes sur « des atteintes importantes aux droits humains des minorités linguistiques en France », et que nous avons mentionnée dans l’introduction de cet article.

Le retard de la France sur le domaine des discriminations linguistiques

Sur le terrain de la lutte contre les discriminations linguistiques et la reconnaissance des langues régionales et minoritaires, le « Pays des Droits de l’Homme » semble à la traine par rapport à de nombreux pays. Le 5 novembre 1992, le Conseil de l’Europe ouvre à la signature la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Comme on peut le lire sur le site officiel du Conseil de l’Europe, dans un « soucis de protection des minorités et de la lutte contre la discrimination », « la Charte est destinée à protéger et à promouvoir et à favoriser leur emploi dans la vie tant publique que privée ».  

En 2017, sur les 47 états-membres que comptait le Conseil de l’Europe, vingt-cinq l’ont signée et ratifiée, huit États l’ont ratifiée, et quatorze ne l’ont ni ratifiée ni signée. La France l’a signée le 7 mai 1999, mais a toujours refusé de la ratifier, invoquant divers arguments, parfois fallacieux, et ce malgré les recommandations du Conseil économique et social des Nations Unies en mai 2008.

En 2012, le Président François Hollande est élu. Parmi ses promesses de campagne : la ratification de la Charte européenne des langues régionales et minoritaires. Voté par l’Assemblée Nationale en janvier 2014, l’amendement constitutionnel autorisant sa ratification est rejeté par le Sénat le 27 octobre 2015. Pour justifier cette décision, le Sénat publie sur son site internet : « Les articles 1er et 2 de la Constitution disposent que la République est indivisible et que la langue est le français. Ces principes interdisent qu’il soit reconnu des droits, par exemple linguistiques, à un groupe humain identifié et distinct du corps national indivisible. Il ne peut exister des droits propres à certaines communautés. »  

Les opposants à la ratification de la Charte avancent également l’argument du nombre de langues régionales et minoritaires présentes en France (plus de 70 selon les estimations des linguistes). Or, comme on peut le lire sur le site du Conseil de l’Europe, la ratification ne concernait que sept langues régionales françaises : le basque, le breton, le catalan, le corse, le néerlandais (flamand occidental et néerlandais standard), l’allemand (dialectes de l’allemand et allemand standard, langue régionale d’Alsace-Moselle) et l’occitan. 

Cheminons vers l’espoir 

Opprimées depuis la Révolution Française, nos langues régionales et minoritaires sont pour la plupart menacées d’extinction. Pourtant, malgré l’avenir sombre qui leur est promis, l’espoir ne doit pas disparaître. Depuis la seconde moitié du siècle précédent, leur sauvegarde et leur promotion est un combat pour de nombreux militants.

 Plusieurs artistes, chanteurs et écrivains, se battent dans ce sens. Ainsi, en Bretagne, dès les années 1970, plusieurs chanteurs se sont engouffrés dans la porte ouverte par Alan Stivell : le groupe nantais Tri Yann, le chanteur et poète Gilles Servat, les sœurs Goadec, puis plus tard Denez Prigent ou Louise Ebrel. 

Alan Stivell

En plus de mettre en avant le répertoire musical traditionnel breton, avec des chansons issues du Barzaz Breiz (recueil de chants traditionnels réunis par le vicomte Théodore Hersart de la Villemarqué, publié en 1839), ces chanteurs et musiciens ont opéré une fusion entre la chanson traditionnelle bretonnante et les genres musicaux les plus modernes : folk, rock, électro, rap, etc. L’objectif : montrer que la langue bretonne, malgré son ancienneté, est capable de s’actualiser, et que ceux qui la considéraient comme une langue de plouc et une langue en fin de vie avaient doublement tort. 

La popularité de ces artistes a par ailleurs contribué à faire entendre la langue bretonne bien au-delà des frontières de la Bretagne. Plus vieux groupe de France, Tri Yann a enregistré un grand nombre de classiques. Quant à Denez Prigent, sa chanson Gortoz a Ran (en duo avec la chanteuse australienne Lisa Gerrard du groupe Dead Can Dance) a été rendue populaire grâce au film américain La Chute du Faucon Noir de sir Ridley Scott (Gladiator), avant d’être reprise notamment dans la saison 20 de la série satirique américaine South Park et le film Les Seigneurs d’Olivier Dahan. (On vous annonce d’ailleurs qu’une interview exclusive de Denez Prigent sera publiée dans les prochains jours sur Cheminez !)

En 2020, le film turc Netflix Yarına tek bilet mettait en avant dans sa bande originale la chanson bretonne Duhont àr ar mané (hanter dro) du duo Yann-Fañch Kemener et Didier Squiban, qui a connu un immense succès en Turquie, avec 15 millions d’écoutes en streaming dans la foulée de la sortie du long-métrage. 

I Muvrini

Il en va de même avec les corses d’I Muvrini, dont les huit Disques d’Or et les deux Victoires de la Musique témoignent éloquemment de leur succès. En plus d’avoir rempli les plus grandes salles françaises, le groupe a signé plusieurs collaborations en corse et en français avec de nombreux artistes très populaires, tels que Grand Corps Malade, Jacques Dutronc, MC Solaar, Renaud, Michel Fugain, Stéphane Eicher. En proposant également des collaborations internationales, avec des artistes anglais (Sting), grecs (Pyx Lax, Haris Alexiou, Nana Mouskouri), allemands (Ute Lemper), espagnols (Luz Casal, Lluís Llach), marocains (Sofia Mestari) ou encore indonésiens (Anggun), I Muvrini a acquis un public international

Bien que né à Paris, le célèbre chanteur français Renaud a eu l’occasion de montrer sa sensibilité aux langues régionales, minoritaires et dialectes français. Alors qu’il tournait le film Germinal, sorti en 1993 et adaptant le roman éponyme d’Émile Zola, l’auteur-interprète d’Hexagone est tombé amoureux des habitants et du folklore du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais. Inspiré, il sort la même année que la sortie du film l’album Renaud cante el’ Nord, entièrement chanté en picard. L’album a remporté en 1994 la Victoire de la Musique dans la catégorie « Album de musique traditionnelle » et sera vendu à 350 000 exemplaires. Régionaliste, il déclare à cette occasion: « Je suis parisien mais aussi basque, corse, breton, occitan, catalan, ch’timi… citoyen d’une Europe des peuples pas des banquiers, des bétonneurs et des marchands, sympathisant de la première heure de toutes les luttes des peuples sans État, des peuples que l’on opprime, des langues, des cultures et des traditions que l’on nie, des paysages qu’on massacre, des folklores qu’on ridiculise et des militants qu’on criminalise. »

Dès les années 90, le concours Eurovision de la chanson est l’occasion de mettre en avant nos langues régionales et minoritaires. En 1992, le chanteur martiniquais Kali chante la première chanson en créole de l’Histoire de l’Eurovision avec Monté la riviè ; en 1996, le breton est à l’honneur avec la chanson Diwanit Bugale, interprétée par Dan Ar Braz et l’Héritage des Celtes ; en 2011, c’est au tour du Corse de se faire entendre avec la chanson Sognu, chantée par Amaury Vassili. 

Cependant, la sauvegarde des langues régionales n’est pas uniquement l’apanage des célébrités. C’est ce que vient nous rappeler, entre autres, le feuilleton corse du « Sò Quì », qui a bouleversé la Corse en 2018. Un élève de seconde, Ghjuvan-Marcu Santelli, 14 ans, répond naturellement « Sò Quì » (en français, « Je suis là ») à sa professeure au moment de l’appel. Choquée, l’enseignante lui demande de parler en français en cours. Une affaire qui aurait pu paraître anodine, mais qui a mené, entre autres, à un blocage du lycée par les lycéens. 

 En Bretagne, depuis 2008, l’association Ar Redadeg a di da di » organise la Redadeg, la course pour la langue bretonne. Une course « festive, populaire et engagée » d’après son site internet, dont l’objectif est de « traverser la Bretagne, de jour comme de nuit, pour symboliser la transmission d’une langue bretonne vivante, créative et dynamique à travers les générations et les territoires ». Cette transmission de la langue est symbolisée par le relai que se passent les coureurs, un texte secret lu en fin de parcours. 

Sur le même modèle, on trouve une « course de relais pour la langue et la culture régionales d’Alsace ». En 2022, la course partait de Bâle le 4 juin pour rejoindre Wissembourg : un parcours de 375km. La « Korrika », la course relai pour la langue basque, fêtait l’an passé sa vingt-deuxième édition, qui a duré onze jours et dix nuits.      

Si le combat pour la juste reconnaissance des langues régionales et minoritaires de France est long et semé d’embuches, gageons que ces nombreuses initiatives artistiques et citoyennes puissent changer suffisamment en profondeur notre rapport collectif aux langues parlées sur notre territoire.

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8 réponses à « Langues régionales : la France coupable de linguicides ? »

  1. Plutôt que de favoriser des minorites à la culture venant de civilisations differentes, il est bon de ne ne pas laisser disparaitre des cultures régionales qui ne contredisent pas la polititique globale et les valeurs de la France.

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    1. Bonjour André,

      Merci d’avoir lu notre article.
      Nous nous permettons toutefois de souligner que la politique française considère justement que le maintien des cultures régionales contredit « la politique globale et les valeurs de la France ». De fait, l’annihilation des langues et des cultures régionales est désirée, comme le montrent les nombreux textes de lois que nous avons cités dans notre dossier.

      Continuez de nous suivre pour découvrir nos prochains articles.

      Cordialement,

      L’équipe de CHEMINEZ.

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  2. Excellent article, merci Cheminez 🥰

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  3. Ce qui a retenu mon attention dans ce merveilleux article, c’est l’histoire de la punition infligée aux enfants qui parlent leur langue maternelle.
    Cette méthode a été utilisée chez nous lorsque nous étudiions la langue française au Liban lorsque nous étions jeunes.
    Mais ils nous ont dit que c’était une façon civilisée d’apprendre la langue française.
    Merci Cheminez.

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  4. Très bel article

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  5. Non, le normand n’est pas un dialecte dérivé du français ! Ce serait plutôt le contraire (ex : quemin en normand devenu chemin, beire devenu bouère puis bouare au XIIe s., feire devenu fouère mais resté fair en anglais, car l’anglais est aussi en partie un dérivé des langues d’oïl). Le poète Wace, né à Jersey, écrit en normand-français dès 1130. Plus de 40 livres bilingues normand-français sont parus depuis 10 ans en Cotentin. Pour JP Montreuil, prof de langues romanes aux EU, le normand est bien une langue. Mais toujours interdite d’enseignement par le ministère de l’EN et ignorée voire méprisée même par les autres langues régionales de France…
    https://www.choses-normandes.com › accueil
    Choses normandes. On trouvera ici diverses formes de textes, recettes, documents audio, matériaux pédagogiques etc… ayant à voir avec la langue normande.
    Rémi Pézeril, association Magène et fédé la FALE

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    1. Bonjour,

      Merci beaucoup pour ces éclaircissements.
      Nous faisons tout de suite la modification. Merci de nous avoir notifié cette inexactitude.

      Cordialement,

      La rédaction de Cheminez.

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  6. Bonsoir,
    Très bon article, très documenté.
    Quelques points à revoir :
    – le gascon, le languedocien ne sont pas des langues, mais des dialectes de l’occitan (qui est une langue).
    – « Les discriminations linguistiques, kézako ? » : ce « kézako » phonétique est de l’occitan, et s’écrit « qu’es aquò » (ne pas oublier l’accent grave sur le « o »).

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