Vanessa Bianchi répond à nos questions sur le Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, programmé ce mois d’avril. Elle revient notamment sur l’historique de l’événement et nous parle bien sûr de cette 9e éditions du festival.

Cheminez : Bonjour Vanessa, pourriez-vous d’abord rapidement vous présenter à nos lecteurs ?
Vanessa Bianchi : Bonjour, merci pour cette invitation !
Mon nom est Vanessa Frédérique Bianchi, directrice artistique du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse, je m’occupe de la programmation des films dans ce festival depuis 2012.
Je suis aussi par ailleurs distributrice/productrice de films et ai fondé une maison d’édition, toutes ces activités à un niveau quasiment artisanal et ça me correspond parfaitement.
J’étudie et analyse le cinéma et la littérature indiennes depuis maintenant une quinzaine d’années et je ne m’en lasse pas !
Cheminez : Vous êtes donc la directrice artistique du Festival des Cinémas Indiens de Toulouse : pouvez-vous retracer, dans les grandes lignes, l’historique de cette manifestation culturelle et en expliquer l’état d’esprit ?
Vanessa Bianchi : Ce festival est né en 2012 et a connu sa 1ère édition en 2013, année du centenaire du cinéma indien.
Au début surtout généraliste, j’ai choisi, en prenant la présidence, de l’axer essentiellement sur le 7ème art, même si je rêve d’ouvrir des sections photographie, littérature, et, encore plus loin, une section spectacle vivant.
Mais nous sommes une petite équipe et préférons le travail bien fait, quitte à rester modestes en volume et maintenir la qualité.
Notre objectif est simple mais ambitieux : faire découvrir la dynamique cinématographique contemporaine de l’Inde et proposer aux spectateurs d’en apprendre plus sur le cinéma et sur la société indienne contemporaine. Et dans l’autre sens, donner aux réalisateurs et producteurs indiens l’occasion de découvrir la région Occitanie, pour des futurs projets, qui sait ?

Cheminez : En ce mois d’avril 2024, le festival en sera à sa neuvième édition. Quels en seront les points forts, les éventuelles nouveautés organisationnelles ?
Vanessa Bianchi : Nous revenons après une période délicate. La période de la pandémie a été difficile à digérer à tout point de vue.
En 2020, le confinement a commencé un mois avant l’édition prévue et, comme pour beaucoup, a causé beaucoup de dommages collatéraux.
Les conséquences étaient aussi marquées en Inde, qui a eu des confinements et un arrêt de la production cinématographique bien plus durables que les nôtres.
Nous n’avons pas pu remonter de suite une nouvelle édition. En parallèle, l’équipe a changé, bref, ça nous a pris du temps pour revenir mais nous sommes de nouveau là, toujours passionnées, hyper motivées !
Pour en revenir à 2024, nous avons donc fait le choix d’une édition plus resserrée, avec moins de longs-métrages, pour que la nouvelle équipe fasse sa première expérience en toute sérénité (si on peut dire car il y a toujours des péripéties dans l’organisation d’un événement de cette envergure !). L’univers de l’industrie cinématographique a évolué, aussi, que ce soit en Inde ou en France. Les plateformes de streaming ont pris de l’importance et le circuit des films est un peu différent. On s’adapte !
Les nouveautés sont déjà en cours de préparation mais plutôt pour 2025.
Là, nous sommes focalisées pour les retrouvailles avec le public, et nous avons hâte !
Message spécial de l’acteur indien Adil Hussain
Cheminez : Voudriez-vous nous parler de la programmation de cette année ? Comment le choix s’est-il effectué ?
Vanessa Bianchi : Comme chaque année, tout au long de l’année, je suis l’actualité et visionne régulièrement. J’ai aussi désormais un réseau actif et on m’envoie spontanément des films à repérer régulièrement. Plus classiquement, nous avons fait un appel à sélection et des réalisateurs de toute l’Inde nous ont adressé leurs films. Nous avons opéré un double visionnage et une sélection progressive, en affinant petit à petit.
Ensuite c’est la vérification que tous les films présélectionnés passent l’étape des incontournables techniques. Puis la préparation de la copie française.
Et nous voici avec la programmation de cette année !
Cheminez : Personnellement, avez-vous un coup de cœur pour un film en particulier ?
Vanessa Bianchi : Ah oui, toujours ! et même plusieurs, mais je ne les partage pas, ce ne serait pas aimable pour les équipes des autres films en compétition.
À partir du moment où il y a une compétition, je ne donne pas mon avis sur les films. Non seulement par respect envers les personnes qui nous ont confié leur « bébé » mais aussi pour ne pas influencer les spectateurs.
Bien sûr, chaque membre de l’équipe est plus touchée par tel film ou tel autre et nous n’avons pas toutes les mêmes coups de cœur, mais ça reste secret 😉






Cheminez : Pour ceux qui ne connaîtraient pas les cinémas indiens, ou en auraient une vision un peu caricaturale, que diriez-vous pour les inciter à découvrir ce festival toulousain ?
Vanessa Bianchi : Justement, de sortir des idées reçues !
Voyez l’Inde comme un pays qui fait la taille de l’Europe, avec la même diversité linguistique, culturelle, cinématographique.
Les cinémas indiens, c’est riche, dynamique, intense, cela va du drame au film politique, du biopic au péplum, du film intimiste à l’œuvre expérimentale, venez les découvrir, venez en parler avec nous, c’est dépaysant tout en proposant un message universel.
Cheminez : Les films proposés sont sous-titrés en français ; on sait que de nos jours le sous-titrage des films est souvent quelque peu bâclé, mais le FCIT fait de gros efforts dans ce domaine, pour un sous-titrage de qualité : comment procédez-vous ?
Vanessa Bianchi : Il faut savoir que la plupart des films arrivent avec un sous-titrage français et la copie de projection à préparer.
Cette année, nous sommes bien équipées en interne, nous sommes deux sur la traduction, une sur la relecture, une sur la partie technique.
C’est un peu stressant mais très enrichissant, on y apprend beaucoup, on s’encourage et ça avance bien, malgré les péripéties (mais il y a toujours des péripéties, on le sait).
Nous ne sommes pas au top parce que je sais qu’on peut toujours faire mieux mais nous avons à cœur de présenter et valoriser le mieux possible les films qui sont au programme et nous y consacrons beaucoup de temps, rien que pour cela.

Cheminez : Le public va pouvoir voter pour ses films préférés, et un prix du public sera décerné à l’issu du festival : comment cela fonctionnera-t-il ?
Vanessa Bianchi : Pour tous les films en compétition, les spectateurs pourront voter avant de quitter la salle, des bénévoles se tiendront prêts, dans la salle, à récupérer les votes, bien équipés de tout le matériel.
Le décompte des voix, pondéré pour ne pas favoriser le film qui aurait eu la séance la plus fréquentée, nous donnera le film vainqueur de cette édition.
Les résultats seront annoncés le dernier soir du festival, lors du pot de clôture à proximité du dernier cinéma Pathé cinéma.
Cheminez : Pratiquement que faut-il savoir sur le festival (lieux de projection, prix des places, etc.).
Vanessa Bianchi : Voici la programmation et les tarifs (Voir aussi notre article sur le festival) :
Jeudi 18 avril à 20h30 / 12th Fail (première) / Pathé Wilson
Vendredi 19 avril entre 14h-17h / Projections des courts-métrages (échange avec le public) / La Brique Rouge
Vendredi 19 avril à 17h30 / Footprints On Water (première) / Pathé Wilson
Vendredi 19 avril à 20h / 19(1)a (échange avec le public) / Pathé Wilson
Samedi 20 avril à 17h / Kayo Kayo Colour? / Cinéma ABC
Samedi 20 avril à 20h30 / Crew / Cinéma ABC
Dimanche 21 avril à 15h / Last Film Show (échange avec le public) / Pathé Wilson
Dimanche 21 avril à 18h / Apéro + annonce des prix / Le lieu sera annoncé en ligne !
Cinéma ABC : tarifs du cinéma.
Pathé Wilson : 8€ (réduit 6€).
Pour les courts-métrages :
Tous les courts sont en compétition.
If (Jodi), par Tathagata Ghosh
Places I’ve called my own, par Sushma Khadepaun
Peace Lily and sand castle, par Himanshu Singh
Dhwani, the sound of Memories, par Namit Venugopal
Funeral Bier (Gahvara), par Tariq Mohammad
Soi, par Monalisa Bhattacharya Dasgupta
Xogun/Vulture, par Utpal Borpujari
La brique rouge : 3€.
Cheminez : Y a-t-il déjà des projets particuliers pour l’édition 2025 ?
Vanessa Bianchi : Oh nous avons plein de projets !
Bien sûr, on reprend notre rythme de développement du festival qui avait été stoppé en plein élan au moment de la pandémie, on envisage aussi de reprendre les prix du jury et de créer au moins une exposition photo, nous aimerions aussi développer une partie plus festive et conviviale…
Mais je n’en dis pas plus, nous réfléchissons dans tous les sens, nous irons aussi nous ressourcer à Cannes en mai et ensuite, on retrousse nos manches.
On compte simplement sur votre présence et votre soutien pour poursuivre sur notre lancée, croisez les doigts avec nous !















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