Bande-dessinée emblématique de la culture japonaise, le manga jouit d’une grande popularité partout dans le monde. Cela est dû, en partie, à sa très grande diversité. Certaines œuvres, considérées par les connaisseurs comme des chefs-d’œuvre, sont de véritables fresques historiques, à la manière de Vagabond de Takehiko Inoue – adaptant le classique de la littérature japonaise d’Eiji Yoshikawa La Pierre et le Sabre, centré sur le grand maître bushi Miyamoto Musashi – et Kingdom de Yasuhisa Hara – dont l’action se déroule à l’époque des Royaumes combattants, dans la Chine du IVème sièce avant J.-C.
Chroniques de la Mariée de Bretagne : un récit médiéval passionnant
Il arrive également que certaines œuvres s’inspirent de l’Histoire de l’Europe, à la manière du très apprécié Vinland Saga de Makoto Yukimura, qui s’inspire de plusieurs sagas islandaises, ou encore de Chroniques de la Mariée de Bretagne de Junji Takehara. Ce dernier manga, lancé en 2022 au Japon, vient de paraître en France le 14 mars dernier, grâce à l’éditeur Kurokawa.

Junji Takehara, qui confie dans l’introduction du premier volume que sa « passion depuis plusieurs années est la culture médiévale européenne », nous raconte plonge dans la Bretagne du XIIIème. On y suit les aventures de Thomas, un héraut qui se voit confier par son seigneur une mission pour le moins délicate : trouver la fille d’André Le Bleau, pour qu’elle devienne l’épouse de l’héritier du Duc de Bretagne. Mais cette dernière a un objectif : tuer le Duc afin de venger la mort de son père.
Bien que ses deux protagonistes soient fictifs, Junji Takehara fait intervenir une galerie de personnages historiques, notamment Pierre de Dreux (1187-1250), cousin du roi de France Philippe II Auguste, qui le catapulte Duc de Bretagne grâce à son mariage avec la duchesse Alix de Thouars (1200-1221). Son règne est marqué par des conflits avec les évêques de Bretagne, qui lui vaudront selon plusieurs historiens le surnom de « Mauclec » (en ancien français, « mauvais clerc »).

Si le premier tome de Chroniques de la Mariée de Bretagne semble témoigner d’une grande connaissance de la culture médiévale – on songe notamment à l’importance des Rouleaux des Morts, des parchemins qui passaient d’abbayes en monastères afin de recueillir prières et hommages à l’égard d’un membre du clergé décédé –, Junji Takehara semble porter une attention à la langue bretonne. Ainsi, le passionnant chapitre 4 débute par un dialogue dans lequel Thomas demande son chemin à un paysan.
– Daoust ha kas a ra an route-se d’ar chapel ? [Cette route mène-t-elle à la chapelle ?]
– Ur pont a oa, met aet eo a-dreuz… Ret ‘vo tremen a-hend-all ! [Il y avait un pont, mais il s’est écroulé… Il faudra passer ailleurs !]
Bien que le dialogue soit parfaitement compréhensible grâce au contexte, il n’est pas traduit par ni par le mangaka ni par la traductrice Fédoua Lamodière. Cela peut inciter les curieux à se renseigner sur la langue bretonne, à utiliser un dictionnaire voire un traducteur. Par ailleurs, l’éditeur Kurokawa a eu une brillante idée : traduire entièrement le premier chapitre en breton. Vous pouvez trouver le premier chapitre de Kronikennoù Plac’h-Nevez Breizh gratuitement sur le site de Kurokawa, en breton et en français !

Alors que la langue bretonne – au même titre que plusieurs autres langues régionales – est menacée d’extinction, l’intérêt que lui porte un mangaka japonais a de quoi nous émouvoir. Nul doute que les défenseurs des langues autochtones de France en seront très touchées !
Si cet article vous a intéressé, n’hésitez pas à découvrir notre article sur l’Histoire très française du drapeau de l’Irlande.





![Atoman : le scénariste explique l’échec du film et détaille ses ambitions [droit de réponse]](https://cheminez.fr/wp-content/uploads/2025/10/couv-cheminez-atoman-droit-de-reponse.jpg?w=1024)
Votre commentaire