Après les succès de Betty, L’été où tout a brûlé et Du côté sauvage, Tiffany McDaniel revient se faire une place de choix sur nos tables de chevet avec cette envoûtante saga jeunesse : Les Gardiens de baguette magique. Dans le tome 1, Un ciel plein de dragons, on embarque dans le monde enchanteur d’une apprentie sorcière à l’aube de ses 10 ans.
Charmille Du-Balai Chaudronille a été adoptée par Tante Chaudronille auprès de qui elle vit dans la forêt du Museau Affamé. Elle fut trouvée au fond d’un chaudron violet une nuit où les éclairs zébraient le ciel. « Elle a choisi Du-Balai comme deuxième prénom car c’est sa marque préférée de Balai magique et Charmille parce que j’étais le plus beau charme qu’elle ait trouvé dans un chaudron ». L’histoire nous est contée à travers les yeux de la petite Charmille avec cette curiosité espiègle propre à l’enfance, où l’innocence se mêle à l’émerveillement du monde.
Tiffany McDaniel plante le décor dès les premières pages et nous voilà plongés dans un univers enchanteur : les maisons sont bâties de pierres rieuses, les chapeaux tissés par Tante Chaudronille s’animent sous nous yeux amusés, les araignées-étoiles brodaient jadis la voûte céleste et les souris en chocolat sont vendues par des chats boulangers.

Cheminez ne pouvait pas passer à côté d’un des ressorts les plus riches du roman : l’humour et la fantaisie lexicale déployés par l’autrice. En effet, Tiffany McDaniel use d’un humour tout en finesse, nourri d’inventions lexicales et de clins d’oeils poétiques où le merveilleux ne tient pas qu’à la magie ou aux créatures, mais aussi à la musicalité même des mots.
Bien qu’elle s’adresse à un jeune public, l’humour ici se veut accessible mais inventif. Ainsi, l’amusement ne se limite pas à de simples plaisanteries mais repose sur pléthore d’inventions langagières et sonores. En détournant les codes du conte traditionnel, Tiffany McDaniel fait du mot à lui seul un sortilège, capable de faire rire, rêver et parfois même apprivoiser la peur. Les noms des lieux, des personnages et des objets sont porteurs de sens et d’amusement : la forêt du « Museau Affamé » évoque une nature vivante et farceuse, Charmille suggère la magie et la douceur de notre héroïne, les pierres rieuses et le chat Egypte couvert de bandelettes. Citons aussi l’expression crapaudenfer, qui éclipse son équivalent de la culture populaire « cool » et restitue à la parole enfantine son pouvoir ravivant.
Comme toute bonne saga qui se respecte, Charmille va embarquer dans une quête initiatique qui l’amènera à la rencontre de sa puissance insoupçonnée. Après avoir été admise au sein de l’école de magie historique la Bosse du Dragon, sa vie bascule lorsque sa Tante Chaudronille est enlevée par un Chapeau Croque-Mitaine. Portée par l’amour et le courage, l’apprentie sorcière entreprend de la retrouver coûte que coûte. Accompagnée de ses fidèles alliés, ses chapeaux magiques, son drôle de chat Egypte et son ami Tolden, elle se lance dans une épopée qui l’amènera à la rencontre d’elle-même et au sens véritable de la magie.

On serait hâtivement tentés de faire une comparaison avec Harry Potter mais ce serait bien réducteur quant à l’imaginaire poétique et caractéristique de Tiffany McDaniel. Les lecteurs plus âgés et amateurs de sa plume y retrouveront notamment les valeurs de préservation de l’environnement qui lui sont chères, incarnées par Tante Chaudronille qui milite pour une magie végétale, ancestrale et plus proche de la nature. Mais également les thèmes de la quête identitaire, des racines et de l’altérité, très présents dans ses oeuvres précédentes. Rappelons-le, Tiffany McDaniel a des origines Cherokee par sa mère, dont l’histoire a inspiré son premier roman, Betty, qui a remporté de nombreux prix, et donné une voix réparatrice à la culture amérindienne.
On ne peut que vous inviter à vous laisser ensorceler par la magie de Tiffany McDaniel. Installez-vous confortablement et ouvrez ce livre comme un chaudron sur le feu : laissez-vous porter par ses effluves de fantaisie, d’enfance et de poésie.
On vous promet de le refermer avec un seul mot en tête : crapaudenfer !






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