Du 23 au 26 mai 2024 se tiendra à Épinal le célèbre festival les Imaginales, dédié aux littératures de l’Imaginaire. Le vendredi 24 aura lieu la cérémonie du Prix Imaginales, qui récompense les meilleurs livres de fantasy parus l’année passée. Nous avons déjà eu l’occasion de parler avec vous de fantasy, notamment à travers de l’œuvre romanesque de Jean-Philippe Jaworski, dont le dernier roman Le Chevalier aux Épines achève de l’installer comme le fer de lance de la fantasy française.
Longtemps jugée avec dédain par les milieux universitaires, la fantasy est aujourd’hui prise avec beaucoup de sérieux et est enseignée dans les universités, notamment grâce à des spécialistes tels qu’Anne Besson, Justine Breton ou encore Vincent Ferré. Il faut dire que l’écrivain J.R.R. Tolkien, qui avec Le Hobbit et Le Seigneur des Anneaux a donné ses lettres de noblesse au genre, était lui-même spécialiste des langues et des littératures anciennes, et son œuvre porte la marque de son érudition.

Les univers secondaires créés par les écrivains de fantasy disent beaucoup de l’évolution de nos rapports avec l’Histoire, mais également la géographie, l’Occident, l’Orient, etc. Au point tel que la fantasy est un passionnant terrain d’études pour les médiévalistes, comme Justine Breton et William Blanc, qui étudient les représentations contemporaines du Moyen-Âge. De son côté, Hassan Diab El Harake, enseignant la civilisation arabe à l’université de Paris – et directeur de la publication de Cheminez –, a étudié la fantasy comme un nouvel Orientalisme. Un article à ce sujet paraîtra ici-même prochainement !
Annoncées il y a quelques jours, certaines nominations pour le Prix Imaginales ont naturellement attiré le regard de notre rédaction. La Sirène de Black Conch de Monique Roffey, présentée comme l’une des représentantes de la nouvelle génération d’écrivaines orgininaires de Trinité-et-Tobago – un état insulaire des Caraïbes au large du Venezuela. Inspiré d’une légende taïno, le roman raconte l’histoire d’amour entre une sirène maudite errant de siècle en siècle et un pêcheur.

Le roman Babel de l’écrivaine sino-américaine R.F. Kuang. Après La Guerre du Pavot, trilogie de fantasy inspirée de la Seconde Guerre sino-japonaise, l’autrice poursuit ses travaux universitaires en proposant un roman de steampunk (genre issu de la fantasy plaçant son action à l’époque victorienne) abordant les thèmes de la langue, de l’identité et du colonialisme : en 1828, un jeune orphelin de Canton est recueilli par un professeur, qui le rebaptise Robin Swift et l’amène en Angleterre. Rêvant d’intégrer Babel, le prestigieux Institut royal de traduction de l’Université d’Oxford où les étudiants exploitent le sens perdu des mots à l’aide de barres d’argent enchantées, Robin se rend compte que les travaux de Babel servent les desseins coloniaux de l’Empire britannique et décide de changer l’institution de l’intérieur. Babel a déjà remporté plusieurs prix très importants : le prix Nebula du meilleur roman 2022 et le prix Locus du meilleur roman de fantasy 2023.

Enfin, thé pour les fantômes de Chris Vuklisevik, déjà récompensé du Grand Prix de l’Imaginaire, est une réflexion autour de l’identité de l’écrivaine, née en Provence et résidant en Bretagne, après avoir vécu en Irlande. Le roman nous raconte l’histoire de deux sœurs, filles de bergers : Agonie et Félicité, devenues respectivement sorcière et passeuse de fantômes. À la mort de leur mère, qui a rejeté la première et a choyé la seconde, elles choisissent de partir à la recherche de son spectre. Leur voyage les mène de Nice au Plateau des Merveilles dans le massif du Mercantour, et des villages abandonnés de Provence au Désert d’Almeria, en Espagne.

La rédaction de Cheminez, qui se rendra aux Imaginales, vous tiendra naturellement au courant sur ses réseaux sociaux des vainqueurs du Prix Imaginales.






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