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En 2011, le public japonais découvre le nouveau film du studio Ghibli : La Colline aux Coquelicots de Goro Miyazaki, fils du légendaire Hayao Miyazaki (Princesse Mononoké, Mon voisin Totoro). Pour son deuxième long-métrage, le réalisateur adapte le manga éponyme de Tetsurō Sayama et Chizuru Takahashi. 

CE QUE SIGNIFIENT LES DRAPEAUX DANS LA COLLINE AUX COQUELICOTS ?

Le film nous plonge dans le Yokohama des années 1960, et nous fait vivre le quotidien d’Umi, jeune lycéenne en charge de sa famille en l’absence de sa mère, enseignant dans une université américaine. Chaque matin, avant de commencer ses tâches ménagères, la jeune fille dresse des drapeaux, langage maritime que lui a appris son père, marin décédé en mer pendant la Guerre de Corée. Un jour, elle apprend qu’un camarade de lycée aperçoit ses drapeaux et y répond. 

S’il y aurait beaucoup à dire sur La Colline aux Coquelicots, dont sa capacité à capter l’essence d’une époque (les années 1960), le film d’animation de Goro Miyazaki aborde également l’utilisation du langage des drapeaux. 

Créé en 1934, le langage des drapeaux, ou selon son nom officiel Code International des Signaux Maritimes, est géré par le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (S.H.O.M.). Il s’agit d’un code international, dont le principe est assez simple. Il existe trois types de flottants de formes différentes, appelés pavillons, flammes et triangles. 

Chaque pavillon représente à la fois une lettre de l’alphabet (de A à Z), et a une signification qui lui est propre. Par exemple, le pavillon Delta (trois bandes horizontales, jaune, bleue, jaune) représente la lettre D et signifie « Je manœuvre avec difficulté. », tandis que le pavillon Hotel (deux bandes verticales, blanche et rouge) représente la lettre H, et transmet le message suivant : « J’ai un pilote à bord. » 

Les drapeaux peuvent être utilisés seuls, ou on peut les associer pour délivrer des informations. Deux drapeaux ensemble forment un code, dont la signification est précisée dans l’ouvrage numéro 3 du S.H.O.M., disponible gratuitement sur internet. Enfin, trois pavillons associés commençant par la lettre M servent à délivrer des informations médicales. 

Les personnages de La Colline aux Coquelicots utilisent les drapeaux pour délivrer ce que l’ONU appelle des « messages en clair ». Un message en clair consiste à épeler un mot. Une scène du film illustre parfaitement cette utilisation du langage des drapeaux : Umi écrit le nom de Hotoko à l’aide de drapeaux pour l’honorer le jour de son pot de départ de la pension dans laquelle elles vivent. 

Le principe est très simple : il faut d’abord prévenir que le message est « en clair » en arborant les drapeaux représentant les lettres Y et Z. Il faut ensuite laisser un espace (un tack), et ensuite utiliser les drapeaux pour épeler le mot que l’on veut transmettre. 

Lorsqu’un mot possède deux fois la même lettre, on utilise alors un substitut (un triangle), dont les couleurs signifient qu’il répète le premier, le deuxième, le troisième ou le quatrième pavillon. Par exemple, pour écrire le mot Tokyo, il faut donc utiliser les pavillons Y, Z, T, O, K, Y et le triangle bleu et blanc, signifiant qu’il répète le deuxième pavillon du message en clair, donc la lettre O. 

Le langage des drapeaux illustre l’immense capacité des humains à communiquer entre eux de manière efficace, même dans les situations les plus compliquées. La prochaine fois que vous verrez des pavillons sur un drapeau, dîtes-vous qu’ils cachent peut-être un message, que vous pourrez peut-être décoder. 

On notera que le langage des drapeaux n’est pas le seul langage ou code utilisé par les marins. En plus de la radiotélégraphie et de la radiotéléphonie, la marine utilise également l’alphabet sémaphore (des drapeaux utilisés à bout de bras) ou encore les lampes à signaux (aussi appelées « lampes Aldis »), servant à délivrer des messages en morse. D’ailleurs, dans Ponyo sur la falaise de Hayao Miyazaki, le jeune Sôsuke utilise une lampe Aldis pour parler depuis la côte avec son père en mer.